Introduction
Définition de l’absentéisme
L’absentéisme désigne les périodes où les employés sont absents de leur poste de travail. Dans le milieu hospitalier, cela pose des défis spécifiques. L’absentéisme peut être causé par des maladies, des problèmes personnels, ou des conditions de travail difficiles.
Contexte actuel et importance du sujet
Le taux d’absentéisme dans les hôpitaux est alarmant. En 2020, le taux dans les hôpitaux français se situait en moyenne entre 9,5 % et 11,5 % selon les chiffres de l’enquête de Fédération hospitalière française. Selon une autre enquête récente (2022), ce taux a un impact significatif sur le fonctionnement des établissements de santé. La continuité des soins et l’efficacité des services sont ainsi très souvent compromises. La part de postes vacants pour les infirmiers diplômés d’État est ainsi passée de 7,5% à 13,1% en trois ans dans les établissements et services médico-sociaux (ESMS), et de 3% à 6,6% dans les établissements de santé, hors CHU.
La Fondation iFRAP avait par ailleurs publié en 2016 le palmarès de l’absentéisme des hôpitaux et CHU Français sur l’année 2013. Le CHU de Lille s’est retrouvé en tête avec 30,99 jours, toutes causes confondues.
En avril 2022, 60 hôpitaux avaient déclenché un plan blanc. Habituellement réservé aux scénarios catastrophes, c’est bien sur la base de l’extrême fatigue du personnel que ces plans furent déclenchés. Il permet la déprogrammation des opérations non urgentes. Un état qui qui en dit long sur la situation actuelle dans lequel le personnel soignant se trouve. C’est la première fois qu’un plan blanc est déclenché pour cause d’absentéisme du personnel.
I. Causes de l’absentéisme du personnel hospitalier
Facteurs liés au travail
La charge de travail excessive contribue largement à l’absentéisme. Cet article témoigne des conditions de travail plus dures qu’ailleurs. Le stress et l’épuisement professionnel sont des causes majeures. Par ailleurs la recherche de place de stationnement sur des sites hospitaliers beaucoup trop souvent saturés ne fait qu’aggraver le stress déjà présent. Les infirmières du CHU de Strasbourg (Hôpital civil) faisait part de leurs situation : tous les matins c’est jusqu’à 45 min qui sont perdues à chercher une place sur site, une situation qui ne peut plus durer. Les conditions de travail physiques et psychologiques jouent également un rôle crucial. Des horaires irréguliers et des conditions de travail stressantes augmentent le risque d’absentéisme.
“Ce rythme casse les gens. Désormais, ils peuvent craquer pour une bêtise. Il y a beaucoup de burn-out.”
Pascale Jacq, Sud Santé.
Facteurs personnels
Les problèmes de santé sont une cause fréquente d’absentéisme. Les conflits familiaux ou personnels peuvent aussi empêcher les soignants de se rendre à leur travail. Des problèmes de santé chroniques ou des responsabilités familiales importantes sont souvent des facteurs contributifs.
Facteurs organisationnels
Le manque de soutien managérial est un facteur important. L’insatisfaction professionnelle et une culture organisationnelle négative augmentent l’absentéisme. Une mauvaise communication au sein de l’organisation peut également aggraver le problème. Dans une enquête conduite par deux chercheuses en sciences de la gestion auprès de 4 centres hospitaliers, le présentéisme est cité comme la “face cachée” de l’absentéisme. En surmenant les ressources internes pour combler les absences courte et longue durée, cela conduit les infirmières à être plus présente sur le terrain qu’elle ne le devrait.
La Crise du Covid 19
Les cas de contaminations se sont multipliés chez le personnel hospitalier, aux avants postes durant la crise du Covid 19. Les directions des hôpitaux sont obligées de revoir quotidiennement l’organisation de leurs équipes. Un vrai casse-tête pour des services déjà à flux-tendu en pleine vague épidémique.
II. Effets de l’absentéisme du personnel sur le fonctionnement hospitalier
Quelles conséquences sur la qualité des soins ?
L’absentéisme réduit la qualité des soins offerts aux patients. La charge de travail augmente pour le personnel présent, entraînant un stress supplémentaire. L’absence d’un professionnel de santé désorganise un service et menace directement la prise en charge des patients et la qualité du service. Perturber ou interrompre la chaîne de soins peut entraîner des conséquences sur la santé des individus. Cela peut mener à des erreurs médicales et à une diminution de la qualité globale des soins.
Conséquences organisationnelles
Les équipes et les services sont perturbés par l’absentéisme. Le stress et la démotivation parmi le personnel augmentent, ce qui affecte l’efficacité. La rotation élevée du personnel peut également entraîner une perte de compétences et de connaissances spécifiques. On parle également de “débrouillardise”, faute de moyen et de temps le personnel s’organise du mieux qu’il peut pour s’adapter aux situations. Le cadre de santé fait donc preuve d’une forte réactivité et d’inventivité pour gérer dans l’urgence l’absentéisme.
Quelles sont les conséquences financières de cet absentéisme ?
L’absentéisme a un coût financier pour les établissements de santé, qu’il soit direct (salaire des remplaçants) ou indirect, comme le temps d’adaptation. A titre d’exemple, l’Anact estimait à 499 773€ “l’ensemble des coûts liés aux perturbations et des surcoûts liés aux régulations” pour une entreprise de 180 salariés en 2019. Les coûts directs incluent les remplacements temporaires et les heures supplémentaires. Les coûts indirects comprennent la perte de productivité et la diminution de la satisfaction des patients. L’absentéisme a un impact significatif sur le budget hospitalier, augmentant les dépenses opérationnelles. En effet, le personnel absent est remplacé par des intérimaires ou des contrats courtes durée qui viennent ajouter des dépenses supplémentaires, et qui sont supérieures à celle du personnel d’origine en temps normal.
III. Solutions pour réduire l’absentéisme dans les hôpitaux
Amélioration des conditions de travail
Réduire la charge de travail est essentiel pour diminuer l’absentéisme. Mettre en place des programmes de soutien psychologique peut aider. Une meilleure gestion des équipes est également cruciale. Par exemple, optimiser la répartition des tâches et offrir plus de flexibilité dans les horaires peut être bénéfique. C’est ce que propose Skello, une solution qui permet de mieux planifier, d’optimiser et de piloter la gestion des équipes à travers un logiciel simple d’utilisation et qui centralise les données et est très facile d’usage.
Utilisation d’une application
Le danger lors d’une absence et que l’on veut remplacer l’agent, c’est le reflexe du fonctionnement par réseau. A force de contacter toujours les mêmes soignants, les plus réactifs, avec un risque d’inéquité, et le danger est de faire peser l’effort sur un même pool de personnes sans respecter l’équilibre vie privée-vie professionnelle.
Au CHU de Saint-Etienne, c’est une appli que chacun active à sa guise qui a été mise en place. Cela évite l’usage des appels, sms et des mails qui sont plus intrusifs. A partir d’un algorithme, elle va analyser la mission demandée et la croiser avec la base de donnée comportant les caractéristiques des profils. En fonction de l’emplacement, des compétences et des disponibilités, elle fait une offre à plusieurs volontaires. L’offre se retire aussi tôt qu’une réponse positive est reçue.
Renforcement du soutien managérial
Former les managers à la gestion du stress et du bien-être des employés est essentiel. Créer une culture de soutien et de reconnaissance peut réduire l’absentéisme. Des managers bien formés peuvent mieux comprendre et répondre aux besoins de leurs équipes, améliorant ainsi le moral et la rétention. C’est ce que propose ce guide proposé par le ministère de la santé, “Mieux manager pour mieux soigner, améliorer le management et la gouvernance hospitalière“.
Mesures financières
Investir dans des initiatives de prévention est rentable à long terme. Selon une étude de l’Institut Sapiens, le coût direct et indirect moyen de l’absentéisme au travail quel que soit le secteur d’activité, s’élève chaque année à 4 059 euros par collaborateur, soit environ 107,9 milliards d’euros pour la population active en France. Un réel manque à gagner pour un hôpital. En réduisant ne serait-ce que de 0.5% l’absentéisme dans les hôpitaux, c’est 1,3 Millions qui sont économisés sur une année.
Par exemple, le smart parking déployé par Cocoparks peut réduire le stress lié au stationnement. Analyser le coût-bénéfice des programmes de réduction de l’absentéisme montre des gains substantiels.
Conclusion
L’absentéisme du personnel hospitalier a des causes multiples et des effets significatifs. Les solutions incluent l’amélioration des conditions de travail, le renforcement du soutien managérial et des mesures financières ciblées. Investir dans la réduction de l’absentéisme est crucial pour le bien-être des soignants et la qualité des soins. Une approche proactive et globale est nécessaire pour aborder ce problème de manière efficace et durable.
